Le parcours jusqu’ici

 

Les premières tentatives 

Les tentatives de transplantation d’organes ont été enregistrées au fil des siècles, souvent avec des détails graphiques. Les premiers rapports de transplantation chez l’homme font état de plusieurs miracles. L’un des exemples les plus connus est l’histoire de Cosaques et Damien, datant du XIIIe siècle. Ces saints arabes chrétiens, martyrisés vers 300 après J.-C., étaient réputés avoir réussi à remplacer la jambe malade d’un sacristain par celle d’un Maure mort quelques jours auparavant. L’utilisation de greffes de tissus autologues comme méthode de restauration des mutilations du nez remonte à une période encore plus ancienne. Cette pratique, originaire d’Inde, a été modifiée avec succès en Europe par, entre autres, le chirurgien plasticien Gaspare Tagliacozzi, au XVIe siècle. 

 

D’autres premiers transplanteurs avaient des objectifs plus irréalistes en tête, comme le Français Serge Voronoff qui, au début du siècle, a popularisé la transplantation de testicules de singe chez l’homme, croyant à tort que cette procédure permettrait d’éviter la détérioration liée à l’âge de la santé physique et mentale. La transplantation d’organes est, d’un point de vue historique, l’un des plus grands défis de l’humanité. La transplantation d’organes est, en termes historiques, un phénomène relativement récent.

 

La transplantation rénale n’est devenue largement disponible que dans les années 1970 et la transplantation du foie et des organes thoraciques n’est devenue un traitement cliniquement acceptable que dans les années 1980. 

 

Quel que soit le critère utilisé, les événements qui ont accompagné l’évolution de la transplantation sont remarquables.

Les progrès étaient fréquemment entrecoupés d’échecs et les avancées majeures avaient leur fondement à la fois dans l’empirisme et dans l’application de la méthode scientifique rationnelle. L’intérêt du public pour la transplantation était intense au fur et à mesure que l’histoire se déroulait et de difficiles dilemmes éthiques et sociaux se posaient fréquemment. L’opinion médicale contemporaine ne soutenait pas toujours les tentatives de faire progresser le domaine de la transplantation et les activités des cliniciens de la transplantation étaient souvent accueillies avec indifférence et parfois avec une hostilité manifeste.

Dans une large mesure, l’histoire de la transplantation d’organes est synonyme de celle de la transplantation rénale. Le développement d’agents immunosuppresseurs efficaces, les principes de préservation des organes et le rôle de l’appariement HLA et de l’allo-sensibilisation sur le résultat de la greffe ont tous été définis pour la première fois dans le contexte de la transplantation rénale. Les raisons pour lesquelles la transplantation rénale est devenue une réalité clinique bien avant la transplantation des autres organes abdominaux et thoraciques sont évidentes. Dans les années 1950, lorsque les premiers succès de la transplantation rénale ont été décrits, la perspective d’une transplantation hépatique ou cardiaque réussie était inconcevable chez l’homme.

La chirurgie cardiaque n’en était alors qu’à ses balbutiements et les complexités techniques pour entreprendre une transplantation hépatique étaient bien trop importantes pour s’y risquer. Le concept de donneurs à cœur battant n’avait pas encore été établi et bien que les reins obtenus à partir d’un cadavre à cœur non battant subissaient inévitablement des lésions ischémiques, cela posait moins de problèmes que pour le cœur ou le foie. Dans le cas d’une transplantation rénale, il était également possible de faire un don vivant. Cela permettait un timing optimal de l’opération, garantissait un organe de donneur sain et, dans le cas d’un donneur apparenté, la chance d’une bonne compatibilité tissulaire.

Enfin, la réussite de la transplantation rénale a coïncidé avec l’introduction des patients susceptibles de bénéficier d’une greffe dans des centres spécialisés, mais elle s’est avérée précieuse pour apporter un soutien temporaire au début de la période post-transplantation, avant que la fonction du greffon ne soit optimale. À l’heure actuelle, l’organe le plus fréquemment transplanté est le rein, suivi du foie et du cœur.